J’ai fui mon rôle de maman pendant 2 mois, et c’était génial

Lomé, 6 février 2021. Je ne souris pas sur la photo mais croyez moi, je suis huereuse comme tout là

En commençant à écrire cet article, je n’avais pas de titre. Et lorsque je l’ai terminé, voila le titre qui m’est venu en tête. « J’ai fui mon rôle de maman pendant 2 mois, et c’était génial ». Fuir c’est un grand mot, mais voilà, vous voyez un peu le truc. Avouez que vous rêvez de pouvoir faire pareil. Hahaha. J’arrête pas de rigoler toute seule. 

Bon, l’article en lui même commençait comme ça à la base.

J’aimerai répondre à une question qui m’a été beaucoup posée lorsque je suis partie deux mois à Lomé sans mon fils.

Pendant mon séjour, il n’y a pas eu une journée qui soit passée sans que quelqu’un ne me demande si mon fils ne me manquait pas.

J’avais tout le temps, des remarques du genre « comment tu fais pour supporter la vie sans ton fils alors que vous êtes si fusionnels » ou « comment tu fais pour profiter autant de ton séjour sans ton fils »?

Au bout d’un certain moment, j’ai même eu droit à des « c’est bon, rentre maintenant, ton fils t’attend ». Like, vous savez vous occuper de vos oignons des fois?

Enfin, c’est moi qui ai décidé de partager des moments de ma vie sur les réseaux sociaux, alors je n’avais qu’à m’en prendre à moi-même ceci dit.

Bref.

C’était la première fois que je partais aussi longtemps loin de mon fils, car le maximum que j’avais fait, c’était deux semaines. J’en parlais vite fait dans cet article sur mon introversion.

J’avais 24 ans lorsque j’ai eu mon fils, et je vous assure que la grossesse et l’accouchement étaient une balade de santé, comparé à ce qui m’attendais une fois qu’il était là.

Lorsqu’un premier enfant arrive, il chamboule tout. Que vous l’ayez prévu ou pas, votre emploi du temps change. Vos priorités changent. Vos relations avec les gens changent. Votre corps change. Absolument tout change.

Et pour être « une bonne mère », il y a eu de nombreux aspects de ma vie que j’ai dû passer à la trappe (de façon consciente et inconsciente), parce que du jour au lendemain, je ne pouvais plus rien faire sans prendre en considération l’existence de ce petit être.

Mes 2 à 3 premières années en tant que mère ont donc été passées à naviguer cette nouvelle aventure qu’était la maternité, et en même temps à essayer de ne pas me noyer sous la masse d’injonctions morales épuisantes pour le corps et le moral qui viennent avec ce nouveau rôle.

J’ai eu la chance d’avoir grandi dans un environnement où on pouvait être mère tout en continuant d’explorer les autres aspects de la vie, tout en continuant à être soi, tout en continuant à poursuivre ces rêves.Et ma mère a été mon inspiration première.

En dépit d’avoir eu à élever 3 enfants toute seule, elle est arrivée à reprendre et terminer ses études, et à construire une carrière professionnelle contre toute attente. 

Je ne me rappelle pas que ses absences à certains moments de notre enfance aient eu un impact négatif sur moi. En plus, je me rappelle qu’on était tellement fière d’elle lorsqu’elle atteignait ses objectifs que ça nous importait peu qu’elle doive s’absenter. Tant que le frigo était rempli et qu’il y avait quelqu’un pour nous garder, la vie était belle. 

Cela a fait qu’au fond de moi, même si j’essayais de suivre les règles qui feraient de moi une « bonne mère », je n’ai jamais ressenti le besoin de trop couver mon fils. Et dès qu’il a montré ses premiers signes de désir d’autonomie, on l’a accompagné.

J’ai été autonome très tôt, et cette faculté m’a beaucoup servi. Alors pourquoi pas lui?

J’ai aussi toujours su et je suis transparente sur le sujet lors de nos discussions ensemble, que je ne serai pas toujours présente. Parce qu’au delà du fait d’être sa mère, je suis d’abord moi. Avec mes rêves perso, mes envies, mon caractère. Et la maternité ne vient pas y mettre un terme.

Je veux que mon fils me voit faire d’autres choses, qu’il me voit me battre pour mes rêves et les atteindre, qu’il me voit prendre soin de moi, qu’il me voit prendre des décisions pour moi, afin que plus tard dans sa vie, qu’en grandissant, il puisse faire pareil et vivre pleinement sa vie pour lui.

J’ai envie qu’il sache qu’en dépit des rôles qu’il aura à jouer dans sa vie, il en est le seul responsable. Pour ça, il ne faut pas qu’il laisse des sources extérieures, moi inclue, lui donner l’autorisation ou pas de vivre sa vie selon ses propres termes.

Je n’ai pas envie de le tenir responsable dans le futur, d’un quelconque regret parce que j’étais occupée à être une « bonne mère ». Ou me dire que si je ne l’avais pas eu, j’aurai pu faire ci ou ça.

Je ne suis pas la maman parfaite. Je n’en serai jamais une. Et je l’assume complètement. De toutes façons, c’est chiant la perfection.

On se met tellement la pression par rapport à nos rôles de mères, alors qu’en vrai, un enfant n’a pas besoin de grand chose pour être heureux.

J’ai été une enfant. Par ailleurs, je me bats continuellement contre moi-même pour continuer à garder mon âme d’enfant. Et en tant que telle, je sais qu’un enfant n’en a rien à faire des choses dont on aime s’encombrer et considérer importantes lorsqu’on se considère comme un(e) adulte.

Un enfant n’a pas besoin de nous avoir sur le dos 24h/24 et 7j/7. En vrai qui a besoin de ça?

Voici ce dont un enfant a réellement besoin : se savoir et se sentir aimé, écouté et soutenu. Enfin, un peu comme nous tous au final.

Et puis aujourd’hui, avec la technologie, on peut facilement communiquer, et se voir. Même si c’est par écrans interposés, ça reste une façon d’être présent(e). 

Je pense aussi que si je suis arrivée à passer 2 mois loin de mon fils, c’est parce qu’entre nous il y a un lien plus fort que la distance et le temps. Et puis au delà de ça, lorsque je fais des choses dans ma vie personnelle qui me rendent heureuse et qui m’épanouissent, cela impacte mon rôle de mère.

Je suis plus joyeuse, plus joueuse (ce qui n’arrive tout de même que très rarement), plus aimante et plus à même de créer des moments de pure qualité avec mon fils. Et c’est de ça qu’un enfant a besoin : de moments de qualité avec des parents équilibrés et heureux.

C’est cette façon de voir la vie que j’ai envie de lui transmettre, qui font que je peux me donner l’autorisation de partir deux mois sans lui, et revenir, le retrouver, et être encore plus fusionnels qu’avant.

Je le referai, et je vous conseille de tenter l’expérience aussi. Parce que ça fait un bien fouuuuuu. J’écrirai un autre article sur ce que ça m’a apporté de partir.

D’accord, vous n’êtes pas obligées de partir deux mois. Partez une semaine, ou 2 jours. Peu importe.

Partez seulement. Partez seule. Parce que c’est une façon de prendre soin de soi, et parce qu’avant d’être maman, vous êtes vous.